La chasse aux économies est ouverte. À l'Assemblée nationale, certains députés avancent des solutions simplistes pour réduire le coût des arrêts maladie. Pour l'UNSA, ces propositions sont mal avisées et dispensent leurs auteurs de s'attaquer aux causes profondes afin d'améliorer durablement la qualité de vie et les conditions de travail.
Sous prétexte de réduire les dépenses et de « lutter contre l'absentéisme », certains députés souhaitent instaurer un ou plusieurs jours de carence obligatoires, c'est-à-dire des jours d'arrêt maladie non indemnisés. L'UNSA critique cette mesure, qui traite le problème de manière très réductrice.
Il faut d'abord rappeler que 40 à 60 % des salariés refusent l'arrêt de travail qui leur est prescrit. Non pour des raisons médicales, mais du fait de contraintes professionnelles. Parmi les raisons invoquées figurent l'absence de remplacement et la surcharge de travail qui en découle, les répercussions possibles sur la carrière ou encore le jugement des collègues et la pression hiérarchique. Autant d'aspects qui interrogent notre rapport collectif à la santé et au travail.
Vouloir réduire les arrêts maladie à une question d'absentéisme témoigne d'une méconnaissance de la réalité. On sous-entend que les salariés sollicitent des arrêts de complaisance. Si des abus existent à la marge – et il faut les combattre –, l'immense majorité des travailleurs ne s'arrête pas par convenance personnelle, mais pour des raisons de santé. Et avec l'allongement de la durée de carrière, l'UNSA présume que les arrêts maladie iront croissant si aucune amélioration notable des conditions de vie et de travail n'est mise en œuvre.
Pour l'UNSA, imposer des jours de carence d'ordre public revient à ignorer les conséquences de la maladie sur les travailleurs, accentuer les inégalités de santé et à dégrader les conditions et la qualité de vie au travail. Ainsi, ceux qui disposent des moyens financiers pourront s'arrêter pour se soigner, tandis que les plus précaires risquent de continuer à travailler au détriment de leur santé. Avec une conséquence prévisible : aggraver leur état et coûter à terme plus cher à la Sécurité sociale. En outre, cela pourrait pénaliser leur sécurité ainsi que celle de leurs collègues, mais également la productivité.
L'UNSA attend du législateur qu'il s'attaque aux causes du problème. Par exemple, comment déployer des politiques de prévention au travail efficaces ? Quelles mesures adopter afin que les entreprises et les administrations respectent leurs obligations de prévention des risques professionnels, qu'ils soient physiques ou psychiques ? Comment limiter les facteurs (logement, pollution, alimentation, accès aux soins, etc.) qui creusent les inégalités en matière de santé ? Alors que la santé mentale est annoncée comme grande cause nationale, quelle responsabilité prendrait une société refusant à un travailleur épuisé le droit de s'arrêter, faute de prise en charge adéquate ?
L'amélioration durable de la qualité et des conditions de travail doit primer sur des mesures simplistes qui ne répondraient qu'à court terme à des considérations d'ordre budgétaire et qui sanctionneraient d'abord les plus précaires.